Prologue

   Après d’interminables guerres et de famines meurtrières, le royaume d’Althaïn s’est relevé peu à peu et panse ses nombreuses plaies. La paix retrouvée a permis la reprise des échanges et du commerce, grâce auxquels les cités prospèrent. Excepté pour la plus belle, la plus riche et la plus puissante de toutes : Mirrah.

   La citadelle des lumières est sur le déclin et fait face à une série de pénuries généralisées qui ne cessent de s’étendre. L’eau devient aussi rare que les nouveau-nés, le bétail se meurt et les maladies se répandent sur la cité, tel un manteau de misère et de mort.

   Inquiet pour son peuple, le sultan Al-Amir consulte l’oracle et l’implore de lui révéler les raisons du marasme dont souffre l’Azaristan, la seule contrée du royaume qui ne parvient pas à se redresser.

   L’oracle interroge les trois Dieux : Dhorazil, Zuris et Ziaris et prédit qu’il en sera ainsi jusqu’à la mort de la dernière âme d’Azaristan par la faute de la lignée royale entachée du sang des innocents.

   Outré par cette accusation, le souverain se justifia en prétendant qu’il n’était pas responsable des agissements de son ancêtre, un homme cruel et redouté, à l’origine des guerres dans le royaume.

   L’oracle répondit alors :

   – Tout dignitaire est garant de ses sujets, en conséquence, coupable de leurs actes. Et ces derniers sont également fautifs d’exécuter ou de poursuivre des œuvres néfastes, sans discernement.

   – Ma contribution à la paix, ne compte-t-elle donc pas, aux yeux des Dieux ? Après tout, je ne suis que son descendant. Que dois-je faire pour attirer la bienveillance des Trois ? Par pitié ! Dites-moi ! Je suis prêt à tout pour redonner à mon sultanat toute sa splendeur d’antan…

   L’oracle annonça, alors :

 

 « Par le sang des rois,

La descendance est maudite,

L’esclave deviendra roi,

Et au roi succédera l’esclave.

 Ainsi renaîtront les splendeurs d’Azaristan »